N'ayant pas peur du ridicule, j'ai osé envoyer la lettre ci-dessous à François Hollande. J'ose espérer benoitement, qu'elle sera lue attentivement. Je me leurre évidemment.
N'empêche, ce que j'écris, ce que je pense, ne peut il être une source et peut il donner de bonnes idées à nos concitoyens ?
C'est dans cet espoir que je livre ici, cette lettre:
Monsieur le président de la République,
Vous avez apprécié mes vœux et j'ai eu le grand honneur de recevoir les vôtres, personnellement, en retour. C'est pourquoi j'espère que vous lirez avec attention ce courrier.
En effet, j'ai voté pour vous et votre équipe parce que je crois que vous êtes en mesure d'infléchir la politique néo libérale qui conduit le monde, et la France en particulier, à sa perte. Vous pensez sans doute que j'exagère ? Veuillez lire l'argumentation suivante pour vous convaincre que la politique néo libérale détruit tout, y compris les chances de survie de l'humanité.
Pour un néo libéral, seul le profit réalisé est un but sérieux. Qu'il s'agisse d'un institut financier, d'une entreprise de construction, etc … il s'agit de présenter, chaque année aux actionnaires des comptes positifs et distribuer des dividendes.
Pour ce faire, ces entreprises misent sur l'activité économique : il faut que les entreprises produisent des biens ou des services et il faut que des ménages achètent ceux-ci. Si les ménages sont dans l'incapacité d'acheter vu leurs maigres revenus, les banques leur prêtent comme elles prêtent aux entreprises afin de soutenir l'activité à tout prix. Si les ménages ne sont pas tentés par les biens ou les services proposés, la publicité fera en sorte de les motiver comme les insectes sont attirés par la lumière.
Quand ce système tourne bien on parle de croissance, quand il va mal on déplore une crise.
Le problème c'est que ce système ne peut pas continuer à croitre constamment et qu'il est en réalité menacé par une récession constante. Pourquoi ? Tout simplement pour la raison suivante : la production de biens ou de services implique forcément la consommation de ressources naturelles puisées dans la terre ou la mer. Or, vous savez, comme moi, que ces ressources ne sont pas infinies et que leur rareté va forcément engendrer une baisse de l'activité économique voire une récession.
L'Etat souhaite la croissance qui lui permet via taxes et impôts, de disposer de recettes et donc d'une marge de manœuvre pour effectuer des actions sociales et solidaires, pour renforcer la localisation des entreprises, pour lutter contre les concentrations, les trusts, etc …
Selon mon argumentation, cette croissance continue étant impossible, l'Etat français aura les plus grandes difficultés financières. Sa dette, qui résulte autant des cadeaux fiscaux faits aux nantis que des efforts faits, socialement, pour minimiser les dégâts du néo libéralisme, ne pourra qu'augmenter.
En fait, vouloir maintenir le système économique libéral actuel est une hérésie ; il faut avoir le courage de le casser et de monter un autre système qui soit réellement au service de l'humanité toute entière. Ce nouveau système doit s'appuyer sur quelques principes de base :
-
L'exploitation des ressources stockées sur Terre (énergies fossiles ou fissiles, métaux, terres rares, etc …) doit être très fortement limitée et même tendre vers zéro.
-
L'utilisation des ressources de flux (agriculture extensive, élevage, pêche, soleil, vent, marées, hydraulique, etc …) doit être privilégiée mais ne jamais dépasser les possibilités du milieu considéré. Si le soleil ou le vent ne risquent pas d'être surexploités, il n'en va pas de même pour la pêche par exemple.
-
La localisation des entreprises doit être la règle (chacun devrait trouver dans un environnement proche, les activités, les denrées, l'école, les possibilités de loisir); la concentration des activités doit être combattue (beaucoup moins de grandes surfaces, d'enseignes tentaculaires, de zones spécialisées). Cette re localisation permettra :
- de réduire les trajets, donc les transports énergivores,
- d'éviter que les écoliers ou les maitres et bien d'autres, perdent un temps précieux en bus, métro ou train,
- de redonner de la consistance et de la vie aux quartiers, aux villages
- de rendre ces entités territoriales plus autonomes et moins dépendantes du monde extérieur ; le commerce international enrichit sans doute les négociants ou assimilés mais il détruit l'initiative locale (par la concurrence déloyale, par le sentiment d'injustice),
- de donner leur chance aux petits joueurs de foot, aux acteurs de théâtre, aux petits cinémas de quartier, …
- de rendre la coopération inter générations plus active, …
4.La démocratie véritable doit être instaurée ; actuellement les élus forment une sorte de caste. Un élu fait carrière comme si cela allait de soi (c'est sans doute votre sentiment, de par votre histoire ou carrière politique); au contraire, je pense qu'un élu n'est qu'un représentant du peuple, qu'il est au service de ce peuple, que cette charge est lourde voire dangereuse par toutes les tentatives de corruption des lobbies. C'est pourquoi l'élu ne doit pas faire plus de deux mandats consécutifs, qu'il doit retourner à la vie active rapidement pour rester en phase avec ses concitoyens.
Je pense même que le parlementaire devrait être tiré au sort et non pas élu. On y gagnerait beaucoup en une meilleure représentativité du moins si ce tirage était assujéti à la répartition sociale de la population. On s'éviterait des frais de campagne politique, des discours sans intérêt, des promesses non tenues.
-
-
-
Dans ce modèle de société, ce n'est plus la recherche et la mesure du profit qui est valorisée mais la recherche d'une meilleure santé, d'une meilleure cohésion sociale, d'une meilleure chance de survie des hommes. Il faut que tous les actifs aillent au travail avec la satisfaction du service rendu aux autres. Les travaux les plus durs ne sont plus affectés à vie à certains mais un roulement est établi pour que chacun participe à ces travaux pénibles mais d'utilité publique. De même les travaux les plus agréables ne sont pas l'apanage de quelques uns mais le lot de tous.
-
Dans ce modèle de société, la propriété individuelle reste possible, y compris celle d'un bien immobilier ; néanmoins le bien immobilier ne peut être hérité ; à la mort du dernier propriétaire, le bien revient à l'Etat. En effet, je pense que l'héritage d'aujourd'hui n'a plus de rôle social comme autrefois, quand l'espérance de vie était basse. Hériter de son père ou de sa mère à soixante dix ans ou plus est un peu tard pour permettre un re-décollage dans sa vie ! Bien souvent, heureusement, les individus ont réussi dans leur vie (autour de 35 ans) sans le secours de l'héritage des ainés.
-
Il faut supprimer les dépenses privées inutiles. Par exemple, le système des composteurs, des tickets électroniques ou papier , des contrôleurs, des ordinateurs qui tournent à plein pour délivrer des tickets ou billets à prix variables selon des critères purement marketing est à proscrire. D'autant plus que rendre en apparence gratuits (car en fait intégrés dans les impôts), les transports en commun pourrait inciter fortement les français à abandonner leur voiture (et donc diminuer la facture énergétique du pays). On a créé par cet ancien système, des services, des emplois qui dans la logique néolibérale, semblent utiles parce qu'ils soutiennent l'activité économique. En réalité tous ces emplois consomment des ressources considérables pour un service humain nul rendu à l'usager ! Demandez à un contrôleur ou un guichetier de la Sncf de vous indiquer les moyens de transports disponibles une fois que vous êtes arrivés dans une gare moyenne de France ; cette personne sera incapable de vous informer correctement bien que votre voyage ne s'arrête pas à la gare !
Ceci n'est qu'un exemple parmi des milliers d'autres. Il faudrait toujours se demander si une production ou un service est réellement utile à quelqu'un, le terme d'utilité étant pris au sens humaniste et non au sens économique.
-
-
Je m'aperçois que j'ai été très long, que je suis loin d'avoir exploré toutes les pistes d'un projet de nouvelle société plus humaine, moins destructrice de l'environnement, plus re localisée. Je vous prie de bien vouloir excuser ces longueurs et ce parti pris contre la Sncf en particulier. J'espère néanmoins avoir suscité votre curiosité sur quelques une des idées exposées, ci dessus, bien trop rapidement.
Je me tiens à votre disposition pour étayer un point particulier, pour débattre avec un de vos collaborateurs, pour m'inscrire dans une réflexion déjà engagée si vous le souhaitez.
Veuillez agréer, Monsieur le président, l'expression de mes respectueuses salutations.